Le Bilan Partagé de Médication (BPM) a été mis en place en 2018 par l’Assurance Maladie.

Cette nouvelle mission confiée aux pharmaciens a pour but de diminuer le nombre d’hospitalisations lié à des effets indésirables médicamenteux. En effet, celui-ci peut monter jusqu’à 180 000 par an.

Le BPM est réalisé sous forme d’entretien et se déroule en 4 étapes clés. Ensuite, un suivi est mis en place pour les années suivantes.

Découvrons ensemble les différentes étapes et comment les mettre en pratique.

Étape 1 : Le recueil d’informations

En amont de ce premier entretien, il vous faudra :

  • Fixer un rendez-vous avec votre patient
  • Le prévenir que cela durera une trentaine de minutes
  • Lui demander d’apporter : ses ordonnances, ses résultats d’analyses médicales, ses boîtes de médicaments prescrits ou non, tous les documents qui pourraient vous être nécessaire
  • Lui faire remplir un formulaire d’adhésion qui sera à retourner à la sécurité sociale.

Ensuite, le jour J, prévoyez que votre espace de confidentialité soit disponible.

Commencez par expliquer à nouveau en quoi consistent le Bilan partagé de médication et son intérêt. Précisez aussi que cet entretien aura lieu seulement la première année de sa prise en charge.

Puis procéder à l’inventaire de l’ensemble des traitements pris par votre patient. Ceux qui lui sont prescrits, mais aussi ceux qu’il prend sans prescription. Pour se faire, n’hésitez pas à utiliser les ordonnances qu’il vous a amenées, mais aussi le dossier pharmaceutique et dossier médical partagé (s’il y en a un). Au besoin, vous pouvez échanger avec ses proches ou aidants.

Pour que votre analyse soit plus complète, vous devrez énumérer ses antécédents pathologiques, les différents diagnostics établis par les médecins, ses résultats d’analyses biologiques, etc. Toutes informations qui vous semblent pertinentes.

Au cours de cet entretien, vous remplirez 4 fiches différentes : une sur le patient et 3 sur ses traitements.

Vous pouvez aussi lui faire remplir le score de Girerd qui permet d’évaluer le niveau d’observance.

Ensuite, vous devez travailler seul.

Analyse des traitements

Étape 2 : L’analyse des traitements 

Dans cette étape, c’est vous et votre recueil qui êtes concernés. Elle se réalise sans le patient. Elle consiste à analyser les différents traitements qu’il prend.

Elle est réalisée la première année de prise en charge du patient puis les autres années si le traitement change.

Vous devrez vérifier ces différents points :

  • La posologie est-elle adaptée à une personne âgée ?
  • La posologie est-elle cohérente par rapport à sa fonction rénale ?
  • Y a-t-il des interactions médicamenteuses, des contre-indications particulières ?
  • Est-ce que la patiente tolère (effets indésirables) tous ces traitements, est-ce qu’il est observant en vers celui-ci ?

Pour réaliser cette analyse, vous pouvez vous servir de différents outils :

  • Le recueil de données réalisé avec le patient, c’est pourquoi il est important qu’il soit le plus précis possible
  • Le logiciel métier avec l’historique du patient, DP ou DMP
  • La messagerie sécurisée si vous avez besoin d’échanger avec l’un de ses médecins, pour avoir une précision par exemple
  • Des sites spécialisés comme : https://www.lemur-innov.fr/

Ensuite, vous faites une synthèse de ce que vous avez pu observer. Vous préparez des recommandations. Hiérarchiser cela par ordre de priorité.

Puis vous partagez cela avec les prescripteurs de votre patient par le biais d’une messagerie sécurisée, toujours. Vous pouvez aussi l’intégrer au DMP (s’il y en a un).

Partagez tout ça avec votre patient.

Étape 3 : Entretien-conseil 

Au cours de cette étape, vous êtes à nouveau avec le patient dans votre espace de confidentialité. Vous aurez au préalable fixé un rendez-vous avec lui. Cet échange durera une vingtaine de minutes environ.

Pendant cet entretien, vous allez lui faire part de vos conclusions, lui ferez des conseils adaptés à sa situation en fonction de votre analyse.

Dans un premier temps, vous ferez un point sur ses différentes pathologies et ses traitements. Vous lui remettrez un plan de prise pour que cela soit plus clair pour lui ou ses aidants.

Puis vous lui proposez des actions ou des outils à mettre en place, par exemple :

  • Une aide à la marche
  • Un pilulier
  • Une sonnerie de rappel pour la prise de son traitement
  • Un enfile bas
  • Une activité physique adaptée
  • Un régime alimentaire adaptée
  • Une forme galénique plus adaptée,
  • Etc.

Si lors de vos échanges avec les différents prescripteurs vous avez mis en évidence des changements à effectuer alors il faudra orienter votre patient vers son médecin traitant.

Une fois que vous aurez terminé, vous l’informez qu’il y a un quatrième rendez-vous à réaliser pour le suivi de ces petites actions.

Patient polymédicamenté

Étape 4 : Suivi d’observance 

Quelques semaines après l’entretien-conseil, appelez votre patient pour fixer un nouveau rendez-vous. Celui-ci ne dure qu’une dizaine de minutes.

Le but de cet entretien est de faire le point sur ce qui a été amélioré et ce qui est encore à travailler.

Afin de vérifier la bonne observance de son traitement, vous pouvez à nouveau lui faire remplir le questionnaire de Girerd pour évaluer son score et le comparer avec celui réaliser lors du premier entretien.

Reprenez les ordonnances du patient pour vous assurez que les changements évoqués précédemment avec le médecin ont bien été mis en place et qu’il n’y ai pas eu d’autres changements.

N’hésitez pas à questionner votre patient pour que cet échange soit riche et vous permette d’en savoir plus sur les habitudes de votre patient. Cela vous sera toujours utile pour les prochains entretiens de suivi.

Et après avoir réalisé ces quatre étapes ?

Suivi du bilan partagé de médication les années suivantes 

Après la première année de prise en charge de votre patient dans le dispositif du Bilan Partagé de Médication, vous devez continuer à réaliser des entretiens de suivi d’observance.

On distingue cependant deux cas de figure.

Cas n° 1 : Le patient a de nouveaux traitements

Alors le pharmacien reprend à l’étape 2. Il procède à une nouvelle analyse des traitements, puis un entretien-conseil et enfin un suivi d’observance quelques semaines plus tard.

Cas n° 2 : Le patient n’a pas de nouveaux traitements

Dans ce cas-là, les années suivantes le patient aura deux entretiens de suivi d’observance. Ils se déroulent de la même façon que le premier (étape 4).

 

Vous avez toutes les cartes en main : on vous avait expliqué le BPM, qui était éligible et comment le facturer. Maintenant, vous connaissez dans les moindres détails chacune de ses étapes.

Alors, à vous de jouer !

Il ne vous reste plus qu’à le mettre en pratique dans le but de faire diminuer le nombre d’hospitalisations lié aux effets indésirables.