85 000 à 180 000.

Ces nombres sont énormes, n’est-ce pas ?

Ils correspondent au nombre d’hospitalisations qui sont dues à des effets indésirables médicamenteux chaque année.

C’est pour cette raison que l’Assurance Maladie a décidé d’apporter une solution pour limiter cela.

Depuis 2018 le pharmacien se voit confier une nouvelle mission : la réalisation de bilans partagés de médications. Cet accompagnement a déjà fait ses preuves dans de nombreux pays du monde : Australie, Suisse, Italie ou encore en Angleterre. Tous pratiquent cela depuis 2001.

Mais alors, en quoi cela consiste et comment le mettre en place ? On vous dit tout.

Le bilan partagé de médication, c’est quoi ?

Afin de limiter les risques liés aux effets indésirables des médicaments, ces entretiens ont vu le jour depuis quelques années maintenant.

Le bilan partagé de médication permet de répertorier avec les patients tous les remèdes qu’il a pris, prend et va prendre.

Pour se faire, le pharmacien doit respecter 4 étapes :

  1. Le recueil d’informations, avec le patient
  2. L’analyse des traitements, le professionnel de santé est seul lors de cette étape
  3. Entretien-conseil, avec le patient
  4. Suivi d’observance, avec le patient

Les principaux objectifs sont de :

  • Réduire le risque d’apparition d’effets secondaires
  • Optimiser l’efficacité des prescriptions médicamenteuses
  • S’assurer et améliorer l’observance du patient face à son traitement
  • Limiter le gaspillage des médicaments

Avant de réaliser ces entretiens, le pharmacien devra faire compléter un formulaire d’adhésion au patient, qui sera à retourner à l’Assurance Maladie.

Assurance maladie

Afin d’aider les officines à mettre en place ce nouvel accompagnement, différents outils existent :

→ Le guide d’accompagnement fourni par l’USPO. Il est à imprimer et à remplir avec le patient.

→ La plateforme  https://www.lemur-innov.fr/ , permet d’effectuer les différentes phases du BPM avec un support numérique et permet au pharmacien de gagner du temps sur cette tâche tout en respectant les lois RGPD

Peu importe le système utilisé, vous pouvez faire part de vos résultats avec le médecin traitant et l’infirmière de votre patient par PDF. Ainsi, la prise en charge sera d’autant plus efficace, car pluridisciplinaire.

Pour échanger avec d’autres professionnels de santé, n’oubliez pas d’utiliser une messagerie sécurisée (Lifen, Mailiz, MonSisra…)

Attention, il ne faut pas confondre le BPM avec les entretiens d’accompagnements spécifiques concernant par exemple l’asthme, les AVK, ou depuis peu les anticancéreux oraux.

En effet, cela ne concerne pas forcément la même patientèle…

Quelles sont les conditions d’éligibilité ?

Tout le monde ne peut pas bénéficier de cet accompagnement. Nous ne sommes pas tous égaux face aux risques iatrogènes des médicaments.

Pour être éligible, votre patientèle doit remplir les conditions suivantes :

  • Critère d’âge : le patient doit avoir 65 ans ou plus et être reconnu en affection longue durée (ALD) ou avoir plus de 75 ans
  • Polymédicamenté : le patient doit avoir sur son ordonnance au moins 5 médicaments dits chroniques
  • Durée de traitement : le patient doit l’avoir pour une durée consécutive d’au moins 6 mois. On parle de chronicité.

Pourquoi eux ?

C’est simple : l’Assurance Maladie estime que les populations les plus à risque d’être poly médicamentées sont les plus de 65 ans qui présentent une affection longue durée et les plus de 75 ans. En effet, ils représentent plus de 9 millions de personnes.

Cela est totalement « gratuit » pour le patient, il n’avance aucun frais pour ce service. En revanche, vous, vous serez rémunéré par la sécurité sociale.

Comment facturer le BMP ?

C’est LA partie critique pour le pharmacien : la facturation.

Cela est toujours très compliqué, nous n’avons jamais les bonnes informations au bon moment.

L’avenant 12 à la convention nationale entrée en vigueur le 17 mars 2018 définit les tarifs de cette nouvelle mission.

Voici un petit récapitulatif. Cette facturation se fait en 3 temps :

Dans un 1er temps : au démarrage de l’accompagnement, il faut utiliser le code « adhésion » qui est TAC

Dans un second temps, une fois que la séquence d’accompagnement soit les 4 étapes du Bilan Partagé de Médication sont terminées, le pharmacien facture avec le code « accompagnement 1re année » qui est BMI. Le tarif est de 60 € en métropole et 63 € dans les DOM

Enfin, les années suivantes, soit 12 mois après la première facturation, le pharmacien utilise le code « accompagnement années suivantes ». Il en existe deux :

  • BMT : s’il y a eu un changement de traitement, il faut actualiser l’analyse, réaliser un entretien de suivi puis un entretien d’observance. Le tarif est de 30 € en métropole et 31,50 € dans les DOM
  • BMS : si rien n’a changé, 2 entretiens d’observances sont à réaliser. Le tarif est de 20 € en métropole et 21 € dans les DOM.

Attention, il est important de facturer ces codes actes en dehors de toute autre facturation : pas de médicaments, pas de LPP, pas de ventes additionnelles.

N’hésitez pas à imprimer ces tableaux récapitulatifs réalisés par Ameli et de les afficher dans votre officine afin de vous aider dans votre quotidien.

Ameli Pro

Pour être rémunéré, vous devrez réaliser l’ensemble des étapes vues précédemment. Ensuite vous les déclarez sur votre Espace pro Ameli.

La mise en place du bilan partagé de médication est essentielle pour votre patient, mais aussi pour vous. Il vous permettra de diversifier vos activités, mais aussi de développer une vraie relation de confiance avec vos patients.

La place du pharmacien dans le système de santé est revue à sa juste valeur.